06 June 2011

A 1940 “fait divers” in Fascist Italy

Dateline 1940.

Two years have elapsed since the Fascist Government of Benito Mussolini enacted anti-Jewish laws, inspired by the infamous 1935 Nürnberg Laws in Nazi Germany and a forerunner of the Fall 1940 anti-Jewish edicts in Vichy France.

Although this arduous period of Italian history has not received the full treatment that it deserves, when compared to its neighbors to the North, Jews--and especially foreign-born Jews who had escaped to Italy--were transformed overnight into second-class citizens whose rights were being reduced to nil across the Italian boot.

And so it was that a Hungarian-born Jew, Vittorio Földes fu Martino, living in Vicenza, approached a Munich-born German hotel owner who managed a pensione in Fiume, to sell him a 15th century miniature signed L.C., executed in the style of Lukas Cranach, and which portrayed the head of Saint John.

The German owner of the pensione called upon a friend of his, Emil Starle (or Stark), who was then the director of a Dürer Museum in Nürnberg (Norimberga). Mr. Földes probably should not have trusted these two men, but when you are in desperate search of money to help you survive, your capacity to doubt the sincerity of others might be trumped by your need for resources with which to survive. In other words, Mr. Földes was ripe for a duress sale. He left the painting with the hotel owner from Munich.

He was told to come back the following day. When he did, there was no one to greet him and to provide him with the funds that he needed in exchange for his 15th century miniature painting. The two Germans had vanished.

Luckily, Mr. Földes survived the war and filed a claim in June 1945 with the Occupation Military Government in Germany (OMGUS), which forwarded his request to the Munich Central Collecting Point (MCCP). Not too surprisingly, the work was not found. However, he did encourage his American interlocutors to go knocking on the door of the Dürer Museum in Nürnberg and see if his portrait of Saint John had ended up there.

Although we do not know the outcome of this all too familiar story of theft, Mr. Földes is convinced that he was fleeced because he is a Jew who sought help in Fascist Italy.  One should wonder how many stories like Mr. Földes’ occurred in Italy between the enactment of the anti-Semitic legislation in 1938 and the invasion of Italy by Nazi Germany in 1943.

How much attention did postwar Italian authorities pay to these crimes which were not committed by German troops, or the SS, or the Gestapo, but by German citizens who felt that they could act in impunity on Italian soil under cover of the anti-Semitic laws?

Has anyone cared to ask?

05 June 2011

Jeudi 4 septembre 1997: colloque sur les conséquences juridiques et morales des restitutions d’oeuvres et d’objets d’art, Washington, DC

Un extrait de la conférence/colloque qui s'est tenue le jeudi 4 septembre 1997 à 9h30 sur les conséquences juridiques et morales des restitutions d’oeuvres et d’objets d’art dans la grande salle de l’Hôtel Ritz-Carlton, 2100 Massachusetts Avenue, NW, à Washington, DC.

C’est Ori Z. Soltes, directeur du Musée national juif du B’nai B’rith qui ouvre la conférence. Marvin Kalb, célèbre journaliste et commentateur de la télévision américaine, que l’on peut reconnaître instantanément par la cravate rouge vif qu’il porte, présente les différents interlocuteurs invités à participer à ce colloque. Ils sont :

Konstantin Akinsha, journaliste et conseiller à la rédaction du magazine ‘Art News’ et titulaire d’un doctorat de l’Institut d’histoire de l’art de l’Université d’Etat de Moscou

Monique Bourlet, directrice du bureau qui gère les collections des musées de France, dont 2000 œuvres qui ont fait l’objet de nombreuses discussions récemment.

Stuart Eizenstat, sous-secrétaire d’Etat aux questions économiques, agricoles et commerciales et envoyé spécial du Président Bill Clinton sur les demandes de restitution de titres de propriété en Europe de l’Est et centrale.

Hector Feliciano, auteur du ‘Musée disparu’, fruit d’une enquête de sept ans sur les pillages artistiques du Reich.

Robert Fohr, directeur de la communication pour les musées de France

Michael Hausfeld, avocat de la partie civile contre les banques suisses.

William Honan, correspondant national du New York Times pour les questions de l’enseignement supérieur, et auteur d’un livre qui vient de sortir, intitulé « Treasure Hunt » [Chasse au trésor]

Willi Korte, juriste allemande, spécialiste des restitutions d’œuvres spoliées

Jim Leach, député républicain, président de la Commission bancaire de la Chambre des Représentants

Constance Loewenthal, administratrice de l’International Foundation for Art Research [IFAR]

Nita M. Lowey, député démocrate, circonscription de Westchester, NY

Marc Masurovsky, chercheur et auteur du rapport du Ministère des Finances américain sur le rôle de cette agence durant et après la Seconde Guerre Mondiale dans la quête et l’élimination des biens nazis à l’étranger. Il sert également d’interprète pour les deux délégués du gouvernement français, Monique Bourlet et Robert Fohr.

Lynn Nicholas, auteur du ‘Rape of Europa’

Ori Z. Soltes, directeur du Musée National Juif Klutznick, au B’nai B’rith.

Thomas E. Starnes, avocat qui travaille gratis pour les demandeurs d’œuvres spoliées

Gary Vikan, directeur de la Walters Art Gallery à Baltimore

La séance commence officiellement à 9h40. Ori prend la parole :

« Cinquante ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe continue de se refaire en posant des questions troublantes qui ressurgissent des pages jaunies de la mémoire de l’Holocauste.

Les victimes, juives et non-juives, l’or volé en dépôt dans les coffres des banques suisses, font partie d’un cadre plus large portant sur les complicités et les expressions d’innocence, d’un côté, et les vénalités, de l’autre.

La Suisse a occupé pendant un certain temps l’avant-scène médiatique, sur les questions de l’or volé… Néanmoins le public devient de plus en plus conscient des spoliations d’œuvres d’art, qu’il s’agisse de toiles provenant de collections françaises retrouvées en Allemagne, ou de toiles provenant de collections allemandes repérées dans l’ex-Union Soviétique… Ces dossiers nous obligent à définir ce que constituent les responsabilités morales et juridiques des gouvernements et des individus—commissaires d’expositions, marchands de tableaux, directeurs de musées, journalistes—face aux mouvements d’œuvres d’art spoliées il y a plus de cinquante ans.

Il faut que l’on définisse la portée historique de ces vols, qui s’étendent bien au-delà de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale. S’applique-t-elle aux antiquités du British Museum à Londres qui furent expédiées de la Grèce il y a plus de 190 ans ? S’applique-t-elle aux œuvres confisquées par la Corée il y a 50 ans, ou à une mosaïque qui fut retrouvée à Chypre il y a 20 ans ?

Est-ce que les lois actuelles suffisent pour fournir des réponses à ces questions ? Est-ce qu’un musée doit être tenu responsable pour produire une provenance absolument parfaite pour chaque œuvre qui se trouve dans ses collections ?

Kalb demande pourquoi se pose-t-on aujourd’hui la question des conséquences morales et juridiques des restitutions d’œuvres spoliées pendant la Shoah. Selon lui, les raisons en sont multiples : le siècle achève son cycle, les survivants et témoins de la Shoah se meurent. Peut-être la Shoah a redéfini les normes qui délimitent l’amoralité de l’homme—un phénomène qui doit être appréhendé, compris, et isolé, à moins qu’on ne lui permette de se répandre tel un virus de la haine au 21ème siècle.  Ou bien nous ressentons maintenant le besoin d’obtenir des réponses à des questions épineuses.

Kalb donne la parole à Monique Bourlet, pour laquelle je sers d’interprète. Elle explique le statut des quelques 2000 œuvres d’art qui bénéficient d’un statut particulier au sein des musées français : ces œuvres leur avaient été livrées à la fin de la guerre, et les autorités françaises examinèrent leur statut jusqu’en 1950. « J’ai dû examiner le statut juridique de ces œuvres d’art bien spéciales. Il est évident qu’elles peuvent être récupérées tant que l’on présente un document qui certifie que la personne demanderesse possède un droit de propriété légitime pour l’œuvre en question. » Elle poursuit : « Sur les 70 000 œuvres d’art découvertes en Allemagne qui furent spoliées en France, nous avons pu en rendre 45 000. En 1949, il y en avait pour lesquelles il était impossible d’établir un titre de propriété. Les musées décidèrent de les vendre en demandant que certaines soient mises de côté en raison de leur valeur. Il y en avait 2000 dans cette catégorie, les soi-disant MNR. » D’après Bourlet, les recherches s’intensifient dans les fonds d’archives pour établir l’identité des propriétaires de ces œuvres, en vue de leur restitution éventuelle. Ces œuvres, il s’avère, avaient été vendues pendant la guerre. »

Robert Fohr, directeur de la communication pour les musées de France, ajoute :

« On nous a accusé d’avoir caché ces œuvres, ce que contredisent les faits. On a fait tout notre possible pour les restituer. »

Kalb demande à Feliciano d’intervenir sur la question des MNR :

« En dépit de ce qui a été dit, il était très difficile d’obtenir un inventaire de ces objets et une provenance détaillée pour chacun. Enfin de compte, j’ai dû tout faire moi-même et j’ai pu retracer le parcours de certains tableaux. Au Centre Pompidou, par exemple, il y a 40 tableaux qui doivent être restitués. Environ 90 pour cent de ces tableaux ont été spoliés. L’un d’eux appartient à la famille Kann. C’est tout ce que je voulais dire pour le moment. Mais je ne sais pas si j’aurai le temps de parler d’autre chose. »

Kalb : « Ne vous en faites pas. Vous en aurez l’occasion. »

Feliciano : « Ah bon ? »

Kalb : « Mais, oui. »

Feliciano : « Ah ! Ce n’était qu’une discussion. Je comprends… »

La parole est maintenant à Konstantin Akinsha qui se spécialise dans les évènements d’Europe de l’Est. Il décrit une exposition d’art spolié qui s’est tenu au Musée Pouchkine de Moscou en 1995, intitulée « Sauvés deux fois. » Akinsha note que ces œuvres ont été volées, tout d’abord, par les Allemands aux juifs hongrois, puis par l’Armée Rouge et expédiées derechef en Union Soviétique à la fin de la guerre. Donc, il propose un nouveau titre pour l’exposition : « Spoliées deux fois » ce qui fait rire l’audience.

Akinsha maintient que des squelettes existent dans toutes les armoires de l’Europe sur la question des restitutions d’œuvres spoliées. A ses yeux, toute solution au problème des restitution se trouve ancrée dans le droit international et au niveau des Etats européens.

Puis Kalb se tourne vers moi, me remercie de servir comme interprète. Toutefois, il me rappelle que je suis présent parce que j’ai quelques mots à dire sur la restitution des œuvres d’art spoliées. Je prends donc la parole.

J’insiste surtout sur le fait que des milliers d’œuvres d’art spoliées ont traversé l’océan et intégrées aux Etats-Unis de nombreuses collections particulières, y compris celles tenues par des musées. « J’apprécie les commentaires de M. Akinsha, mais puisque ces œuvres se trouvent aussi aux Etats-Unis, le problème incombe également aux tribunaux américains où les demandeurs ont le droit de se faire entendre et obtenir gain de cause. C’est tout ce que je vais dire pour l’instant. »

Akinsha : «Vous dites que des milliers d’œuvres d’art ont fait leur apparition sur le marché américain. Est-ce que vous pouvez le prouver ? »

Masurovsky : « Pour l’instant, les preuves sont circonstantielles, mais ce que je peux vous affirmer, c’est que toutes les flèches pointent vers l’est, selon de nombreux documents d’archives. »

Akinsha : « Quels documents ? »

Masurovsky : « OSS, Ministère des Finances, Département d’Etat, documents émanant du gouvernement français. »
Kalb : « C’est très bien que vous puissiez vous interviewer mais ce serait préférable que cela se fasse à la fin des premières interventions. »
La salle s’esclaffe.

Masurovsky : « Avec plaisir. »

Kalb se tourne vers Lynn Nicholas qui remémore ce qu’elle perçoit comme des acquis positifs sur la question des restitutions. Tout d’abord, la résistance de nombreuses personnalités du monde de l’art face aux déprédations nazies, en particulier les administrateurs de musées européens, y compris ceux de certains musées allemands. « N’oublions pas aussi les efforts sans égal des forces armées alliées et des commissions de récupération artistiques organisées par les pays libérés. Leurs activités durèrent près de vingt ans après la fin de la guerre. Tous ces efforts produisirent des milliers de restitutions à leurs propriétaires attitrés. Bien évidemment, les procédures de restitution n’étaient pas toujours équitables, mais pensez donc aux complications résultant du déracinement de ces œuvres et de leur mobilité. Ces jours-ci, on appelle cela, « le phénomène du déracinement mobile. »

Nicholas remarque que le marché de l’art fut en pleine efflorescence pendant la guerre. « Des milliers d’objets étaient achetés et vendus et troqués dans tous les pays occupés, par toutes sortes de gens…Ces œuvres circulaient partout… Beaucoup d’objets ont fini dans les Amériques dès la fin des années trente, et ont été vendues ici, la plupart du temps légalement par leurs propriétaires, mais de temps en temps les mandataires ont trahi la confiance des propriétaires. Des objets ont survécu dans des cachettes improvisées comme les toiles d’une Rothschild qui furent enterrées dans une dune de sable sur une plage française. On ne sait plus laquelle… »

Pour finir, Nicholas met en garde ses collègues avec lesquels elle partage le podium : « En général, lorsqu’on découvre un objet que l’on suppose être spolié, il est trop facile de conclure qu’il doit être restitué sans savoir si son propriétaire légitime l’a récupéré après la guerre et les circonstances de ses déplacements. » Elle conclut en mettant en garde contre les chasses aux sorcières dénuées de fondement.

Tom Starnes, avocat, membre du cabinet d’Andrews et Kurth à Washington, DC, représente les héritiers Goodman contre M. Searle, milliardaire détenteur d’un pastel de Degas qui appartenait à leur grand-père ? ou grand-oncle, Fritz Gutmann, et qui refuse de le rendre. Néanmoins, Starnes pense que les tribunaux américains sont favorables à un règlement des contentieux concernant les restitutions d’œuvres d’art. La doctrine fondamentale à la base de ces procédures stipule que l’acte de spoliation n’accorde aucun droit de propriété au spoliateur, donc le possesseur d’un objet spolié non-restitué n’est pas le propriétaire légitime de l’objet spolié. Par contre, en Europe, les droits de l’acheteur de bonne foi prévalent souvent et accordent au détenteur d’un objet spolié les mêmes droits qu’à un propriétaire légitime.

C’est au tour de Constance Loewenthal, directrice de l’International Foundation for Art Research, future directrice de la Commission for Art Recovery, présidée par Ron Lauder, dont l’annonce surviendra trois semaines plus tard. Selon Melle. Loewenthal, « les vols d’œuvres d’art durant l’Holocauste peuvent être remédiés parce que les chefs-d’œuvre ont l’habitude de survivre aux pires calamités puisque leur valeur ne cesse d’augmenter. »

Le journaliste américain, Bill Honan, nous rappelle tous que 20 millions de personnes sont mortes pendant la Deuxième guerre mondiale (un chiffre bien trop conservateur, puisque le chiffre officiel se rapproche des 55 millions de morts) et qu’il ne faut pas mettre sur le même plan les vols commis par les troupes américains lors de la libération de l’Europe et les spoliations nazies. C’est lui qui dénicha, avec l’aide de Willi Korte, le fameux trésor de Quedlinguen au domicile d’un ancien combattant américain qui s’était retiré au tréfonds du Texas.

Quant à Gary Vikan, directeur du Walters à Baltimore, il s’attarde longuement sur les difficultés qu’éprouvent les dirigeants des musées lorsqu’il s’agit d’acquérir un objet pour leurs collections. Conscients de l’origine de l’objet, doivent-ils le rejeter parce qu’il provient d’une source douteuse ? ou devraient-ils l’intégrer dans leur collection en raison de sa beauté et de son importance historique et esthétique, quitte à embraser certaines personnes ?

Mon camarade, Willi Korte, se veut modeste. Néanmoins …. Affichant un certain scepticisme, Korte prend ses distances eu égard à Akinsha et sa foi en un règlement des restitutions par application du droit international. Comme l’indique Korte, la plupart des pays européens préfèrent invoquer leur code civil pour résoudre les questions de restitutions, ce qui favorise l’acquéreur de bonne foi. Donc, selon lui, il faut faire pression sur les gouvernements eux-mêmes pour qu’ils modifient leurs lois afin que les spoliés puissent se faire entendre dans leurs tribunaux.

Pour la première fois depuis le début de la conférence, Korte fait état des spoliations de biens juifs bien avant le déclenchement de la guerre. D’après lui, documents à l’appui, les ressortissants allemands d’origine juive se voient contraints de céder leurs biens à des prix cassés ou de les abandonner purement et simplement par crainte de représailles ou d’arrestation. Il admet que, depuis qu’il travaille sur ces questions depuis près de dix ans, il est inondé de requêtes d’aide venant d’anciens déportés ou d’héritiers de familles qui avaient fui le Reich, puis l’Europe nazie, laissant toutes leurs possessions derrière eux. Il espère qu’un organisme international puisse prendre en charge les demandes qui affluent sur son bureau pour que la petite vieille dame bien aimable du quartier soit en mesure de récupérer son bien après plus de 60 ans.

Entre en scène M. Stuart Eizenstat qui nous flatte de sa présence car il faut qu’il nous quitte presqu’aussitôt. Son calendrier, voyez-vous, est très chargé. Après un échange de plaisanteries avec Kalb, Eizenstat entame son petit discours qui, je dois le dire, n’a rien à voir avec le sujet de notre colloque, excepté vers la fin lorsqu’il mentionne les spoliations de biens culturels. Mais il saisit l’occasion pour nous rappeler ses travaux laborieux concernant les mouvements de lingots et de pièces d’or monétaire saisis par les Nazis et qui contiendraient les restes des bijoux que possédaient des centaines de milliers d’hommes et de femmes juives anéanties dans les camps de la mort.

Il mentionne les travaux de la Commission Mattéoli concernant les biens spoliés en France. D’après lui, « Il est certain que des œuvres d’art appartenant à des personnes juives ou à la communauté juive se trouvent dans les musées de France, dont le Louvre » et que le gouvernement français s’engage à restituer ces œuvres ou «prendre les mesures nécessaires pour que ces œuvres soient identifiables. »  Ici règne une certaine ambiguïté. Après tout, soit on restitue soit on ne restitue rien. Il est vrai qu’en France, la direction de la communauté juive favoriserait une restitution morale, autrement dit, la reconnaissance du pillage, l’admission du crime, peut-être un acte pédagogique qui commémore la mémoire des victimes, sans qu’il n’y ait de cession de biens favorisant le spolié. Le commentaire d’Eizenstat me laisse coi, car je me demande ce qui se passe dans les coulisses du Département d’Etat et ce que mijote le groupe Mattéoli. Enfin, il faut que je continue d’interpréter pour Mme. Bourlet et M. Fohr.

Tout le monde applaudit le discours élongué de M. Eizenstat qui nous quitte, comme prévu. Kalb annonce la suppression de la pause-café de 15 minutes dans l’intérêt du colloque qui entre dans sa phase de discussion ouverte.

Van Gogh's 1889 depiction of his mutilated self smoking a pipe--PR 144

In a catalogue of works from the private collection of Mary and Leigh Block of Chicago, IL, the first painting that one sees is an iconic work by Vincent van Gogh, the result of an unfortunate absinthe-laced binge which led to the legendary self-mutilation of the chronically depressed visionary Dutch-born artist's right ear. Known as the “Dutchman Smoking a Pipe [Hollandais à la Pipe]” or « l’homme à l’oreille coupée », the Block catalogue merely refers to it as « Self-Portrait, » which ironically is also the title given to it by the art historical staff of the Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR) in 1944.
Autoportrait à l'orielle bandée, Vincent Van Gogh
Source: Wikipedia  

As is so typical of art catalogues, no hint of a work’s peculiar history is provided, especially when it involves something so egregious as a Nazi-organized theft. And yet, it was exhibited at Boston’s Museum of Fine Arts from February 2 to April 14, 1968.

Van Gogh’s “Self-Portrait”, executed in 1889, one year before his suicide, belonged to the world-class Parisian art dealer, Paul Rosenberg. In a preventive move to safeguard most of his priceless collections of modern works of art from the vagaries of an inevitable continental war in 1939-1940, Rosenberg shipped the works to various locations in the southwest of France, including a château that he had rented at Floirac and a bank vault at the Banque Nationale pour le Commerce et l’Industrie (BNCI) at Libourne.

PR 144
Source: ERR Project via Bundesarchiv
The “Self-portrait” was stored, unframed, at Libourne and bore Rosenberg’s inventory No. 2215. Following the Nazi takeover of half of France in May-June 1940, a specialized unit of German agents, informed by unscrupulous Paris-based art dealers, appeared at the BNCI branch in Libourne to remove more than 160 works belonging to Paul Rosenberg. They were first taken to the German Embassy's Paris depot on rue de Lille before being transferred to a storage area at the Louvre which had been set up to accommodate the initial seizures made by the Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR) as well as those conducted by police units answerable to the German Ambassador, Otto Abetz.

Alois Miedl, one of Hermann Goering’s preferred bankers and intermediaries in illicit art acquisitions, was most famous for his role in the Aryanization and seizure of the Goudstikker Collection in Amsterdam. His relationship with Goering entitled him to gain access to choice pieces stolen from French Jewish collections including van Gogh’s “Self Portrait.” Together with a dozen other modernist works, Miedl shipped the stolen paintings to Switzerland by way of the German diplomatic pouch and the crate containing them was placed at the Volksbank in Zurich under the care of a Dr. Wiedekehr.

Subsequent to Miedl’s arrest in the late summer of 1944 as he tried to cross the Franco-Spanish border with his family, Allied intelligence operatives located the stolen works that he had sent covertly to Switzerland, leading to their eventual repatriation to Paris and subsequent restitution to Paul Rosenberg.

The only concrete evidence that we have of the painting’s presence at the Jeu de Paume is the card that the ERR staff typed under the number PR 144 as well as the photograph taken of the work.
PR 144
Source: ERR Project via NARA


The next time this painting is ever exhibited, the public might be interested in knowing the tortuous path that it followed from Paris to a bank vault in Libourne and from there to the German Embassy on rue de Lille, the Louvre, the Jeu de Paume, and finally Zurich, before returning to Paris and ultimately sold to a Chicago-based family.

04 June 2011

What lies at the heart of HEART?

In a great fanfare of trumpets blasting that no one could ignore, the Jewish Agency, through its spokesperson, Bobby Brown, announced the creation of Project HEART—the Holocaust Era Assets Restitution Taskforce. The headlines were unmistakable: “Project HEART to take over restitution issues”; “Israel, Jewish Agency launches global effort to locate lost property”; “Project HEART to coordinate restitution efforts for Holocaust survivors.”

You’d think that no one had ever bothered in the past 65 years to do anything concrete for Holocaust survivors in any measurable sense? By the way, those screeching headlines all came from the Diaspora press, which, usually, is not well-informed and in fact ignores the complexities of searching for and restituting looted assets, except only when there is a convenient political moment to belt out thoughtless slogans.

The tone of this article blends necessarily an ounce of sarcasm with a pound of outrage, all of this thrown into the pan so that something mildly reasonable can come out.

At the heart of Project HEART lie the Jewish Agency, Bobby Brown, and the conservative government of Benjamin Netanyahu. Those three institutions are no strangers to controversy when it comes to reclaiming the residual losses suffered by millions of Jews during the Nazi era.

It is important to note that Benjamin Netanyahu believes fervently that he is the Prime Minister of all Jews in the world—regardless of whether folks endorse him or not—which gives him license to speak on behalf of all Jews in the world on matters pertaining to looted assets, their recovery and, most importantly, their disposal—do we sell them, do we actually return them, do we give some back and keep the rest, what do we do? The fact that these questions get even asked is a reflection of the true intent underlying projects such as HEART, which is to appropriate the lost property of deceased or surviving Jews and to become kingmakers in the way in which they get allotted.

Bobby Brown, by his own admission, is a man with a divine mission. He not only has taken personal credit for bringing the Israeli government into all global reparations discussions but he has also engineered the warm ties between the Christian Far Right and evangelical movement in the United States and the Israeli government. One of his mentors is Avigdor Lieberman, the severely nationalistic foreign minister of the current Netanyahu Administration. For Bobby Brown, the State of Israel should be at the center of any decision governing the distribution and allocation of recovered assets belonging to persecuted Jews. Hence, the inevitable rancor and divisiveness resulting from such an extreme position and the justification for Project HEART which is in direct response to the failure of the Israeli Government to impose its will on the Claims Conference and its allied organizations.

Restitution is not a game, but they make it into one, a game of power and influence in the rather incestuous world of asset recovery and reparations, a game that has lasted now for more than 5 decades.

We’re getting ahead of ourselves here.

Why now? Why does the government of Israel suddenly say: enough is enough! We’re taking charge now. As if no one is in charge… It may have more to do with the bitter quarrels between Jewish organizations in the Diaspora and the government of Israel over the management of recovered Jewish assets and where the locus of effort should be placed. It is not news to announce that groups such as the Claims Conference have been racked by internecine fights pitting those on its board who wish to either dismantle the Claims Conference or move it to Israel, and those who wish to continue the reparations campaigns independently of the Israeli government and rightfully so.

As in any bad marriage, the ones who suffer most are the children and in this instance the children are the survivors and their families. Bounced around from one reparations program to another--and they come by the bushels, believe me!, hanging on to endless promises that yield only recovered peanuts and tooth brushes, these poor people, once, twice, thrice traumatized by persecution, enslavement, and failed restitution efforts, are now having to get their hopes pumped by yet another arrogant headline-grabbing effort at making right with the wrongs of the past. HEART-breaking!

Incidentally, Bobby Brown is an expert on recovery of Jewish assets. Seriously, this is the same person who cooked up a scheme to recover the property of Jews who had been forced to leave Arab lands and settle in Israel. His thinking was and continues to be that if Palestinians want to return to lands controlled by the Israeli Government, Israel, in return, can ask for compensation for all property that Jews had been forced to abandon to flee from persecution. Hence, Bobby Brown’s reach is universal and centers exclusively on the inalienable right of the Israeli Government to assets owned by persecuted Jews worldwide, past, present, and future.

What does any of this have to do with the restitution of looted art?

Like all sales organizations, Project HEART is presenting itself as the most well-oiled machinery yet which will inventory all assets lost by Jews during the Nazi years, list them in a massive database that is supposedly going to hold upwards of three million items, from lost cows and sheep to 17th century Dutch masters. According to Anya Verkhovskaya, Project Director at Project HEART, from her base in Milwaukee, Wisconsin: “It is not necessary to have evidence of property ownership to be eligible to apply. If individuals believe they owned or were beneficiaries of such property, they should fill out the questionnaire.” Mere belief in loss is sufficient to list a lost asset into the database.

One needs to understand, based on this statement, how HEART will lead to the restitution of looted art when the mere belief of a loss of cultural property suffices to register the item in the HEART database. Perhaps, what is at work here, like in so many class action lawsuits, is not the actual description of the asset but the listing of the asset so as to be able to come up with an algorithm that produces a figure from which one can derive an estimated valuation of the extent of the loss and enter into negotiations with foreign governments over the sums to repay as reparations. In other words, restitution is not part of this game. If a survivor lists his or her lost cultural asset with HEART, and an agreement is reached between HEART, the Jewish Agency, the State of Israel and the negotiating government or entity, all assets listed in the agreement are folded into the settlement against a promise that no future claims will be filed for those assets from which reparations have been obtained. In other words, if you want to recover a drawing by Fragonard and you list it with HEART, and HEART and its sponsors negotiate a lump-sum settlement that includes the value of your drawing, you can forget about ever recovering the drawing, regardless of where it is and settle for the two bags of peanuts that you will receive as thanks for listing your property with HEART.

In sum, Project HEART is the Israeli Government’s response to a series of failed maneuvers aimed at re-centering the debate over Jewish reparations away from the Diaspora and into the bosom of the State of Israel, at the expense of Jewish survivors and their families. For those survivors who believe fervently that HEART can help them, we wish you the best of luck. For anyone with a reasonable amount of skepticism who can see through the designs of HEART, stay away and continue your fight for restitution!